Le travail à contre-sens : attention, route barrée

Les individus sont de plus en plus en quête de sens, non seulement dans leur vie privée, mais également dans le cadre de leur travail. Fini le job alimentaire. Les jeunes générations, échaudées par l’urgence de la crise climatique, doublée de la crise sanitaire que nous avons connue en 2020, se dirigent vers un emploi qui non seulement épouse leurs compétences, mais qui défende des valeurs également.

Il faut en finir avec l’idée archaïque que travail et plaisir, tels l’huile et le vinaigre, ne peuvent se mélanger. En effet, il est maintenant de plus en plus possible, dans nos pays occidentaux, de mêler passion et emploi, ou du moins avoir du plaisir à se rendre au travail.

Mais plus que cela, un travail dans lequel on a plaisir est un travail dans lequel nous trouvons du sens. Face à la crise sanitaire, nous sommes revenus certaines idéologies qui dépassent le pur capitalisme. Par exemple, des étudiants en économie ne croient plus en ce qu’ils étudient, et privilégient un apprentissage d’un métier de la terre ou manuel.

Le sens, dans toutes ses acceptions, orientation, signification, cohérence, se traduit par de l’énergie, de la motivation et du plaisir dans ce que nous faisons. La question du sens est étroitement liée à la condition humaine et sa quête se manifeste de plus en plus au travail, où s’incarne aujourd’hui, à tort ou à raison, une bonne partie de nos désirs et de nos besoins d’accomplissement de nous-mêmes, de contribution, d’utilité.

Il existe trois situations symptomatiques lors desquelles l’employé se demande si son emploi a perdu du sens.

Il faut en finir avec l’idée archaïque que travail et plaisir, tels l’huile et le vinaigre, ne peuvent se mélanger. En effet, il est maintenant de plus en plus possible, dans nos pays occidentaux, de mêler passion et emploi, ou du moins avoir du plaisir à se rendre au travail.

1. Le sentiment d’inutilité

Cette impression mortifère d’être un micro maillon (voire faible) dans une gigantesque chaîne dont on ne voit ni le début ni la fin. A qui et à quoi sert mon travail et qu’est-ce qui en sera fait ensuite? Question souvent inconsciente mais omniprésente pour nous êtres humains qui avons un besoin fondamental de savoir pourquoi nous faisons ce que nous faisons. Le sentiment d’inutilité et de ne pas voir sa contribution dans l’entreprise est un déclencheur très fréquent de désir de reconversion, parce qu’il s’avère vite insupportable.

 

2.  La souffrance éthique

Lorsque l’écart se creuse entre nos tâches à accomplir, leur nature, leur rôle, leur résultat et l’évaluation morale que nous en faisons, la perte de sens n’est pas loin. De même pour l’évolution d’une entreprise qui, à mesure qu’elle grandit, par exemple, peut s’éloigner de sa raison d’être au profit du bénéfice de ses actionnaires.

 

3. L’absence de sentiment de travail bien fait

En raison d’un management plus intéressé par le profit que par l’ouvrage. En dépit des océans de littérature sur la paresse atavique du salarié, assortie des clichés d’usage sur le fonctionnaire qui sommeille en lui, on constate de plus en plus que la véritable préoccupation des salariés est de pouvoir bien faire son travail, en cohérence avec ses valeurs, pour entretenir son respect de lui-même, indispensable au sentiment de satisfaction professionnelle.

Ces trois situations sont déterminantes pour vous demander s’il ne serait pas temps pour vous de changer de profession. Au final, le sentiment de perte de sens dans le travail actuel, dès lors qu’elle n’est pas en relation avec les conditions d’exercice mais bien avec la réalité du métier, est le seul indicateur d’une nécessité de changement de métier qui n’ait pas besoin d‘être exploré bien longtemps. Contrairement aux mauvaises relations, il n’y a pas grand-chose à expérimenter d’abord dans le métier d’origine pour y remédier. Parfois, le divorce à l’amiable d’avec son métier est nettement préférable.

Auteur-e

Anne-Valérie Geinoz

Anne-Valérie Geinoz

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