Emplois à temps partiel - l'offre et la demande divergent

La demande de postes à temps partiel augmente rapidement, mais l'offre ne progresse que lentement. Cela porte préjudice à notre économie - les employeurs doivent revoir leur copie.

Depuis le début de l'année 2018, le nombre de clics sur les annonces d'emploi à temps partiel n'a cessé d'augmenter. En janvier 2018, la part des clics sur les offres d'emploi à temps partiel par rapport à l'ensemble des clics sur les offres d'emploi était d'à peine 29%. En janvier 2021, trois ans plus tard, elle représentait déjà bien 37% (voir graphique). C'est ce qu'a indiqué le portail de l'emploi jobchannel.

Clics sur les postes à temps partiel

Effet du confinement ?

jobchannel a deux explications possibles pour le fait que les emplois à temps partiel ont été plus demandés après le confinement. Soit diverses personnes étaient tributaires d'un revenu complémentaire en raison du chômage partiel. Ou la répartition classique des rôles à la maison s'est quelque peu relativisée pendant la période où la plupart des personnes travaillaient à domicile. Il est possible que les parents qui gagnaient jusqu'à présent l'essentiel de leur revenu se soient davantage intéressés aux emplois à temps partiel. Il serait en effet souhaitable que les hommes s'engagent davantage dans le ménage et travaillent également à temps partiel !

Du point de vue d'Employés Suisse, il existe encore une troisième explication possible, qui serait toutefois moins réjouissante : les femmes ont été plus touchées par la crise du coronavirus que les hommes. Elles sont plus susceptibles de chercher des emplois à temps partiel.

Les emplois les plus recherchés ne sont pas les plus demandés

Les données révèlent une autre divergence : les souhaits des demandeurs d'emploi ne correspondent pas à ce qui est le plus demandé sur le marché du travail (voir graphiques). Ainsi, la plupart des emplois à temps partiel étaient recherchés dans le domaine du nettoyage industriel, alors que le marché du travail avait surtout besoin de main-d'œuvre dans le domaine de la santé : infirmiers-ères, suivis des assistant-e-s en soins et santé communautaire. Les médecins et les assistant-e-s médicaux-ales étaient également très demandé-e-s. Parmi les emplois à temps partiel les plus recherchés, les infirmiers-ères n'arrivaient qu'en dixième position.

La situation était similaire pour les emplois de gestionnaires et d'assistant-e-s administratif-ve-s : environ 33 000 personnes étaient à la recherche d'un emploi à temps partiel dans chacune de ces professions, et l'activité de gestionnaire apparaissait en septième position parmi les postes à temps partiel publiés. L'administration n'a pas réussi à se classer parmi les dix premiers.

L'écart entre l'offre et la demande

Les professions de soins doivent devenir plus attrayantes

Le fait que le secteur de la santé et des soins ait manqué de personnel précisément en période de pandémie était inquiétant. Il ne suffit pas d'applaudir les prestations extraordinaires des soignants et de passer ensuite à autre chose. C'est ce qu'a pensé une majorité des personnes en droit de vote en acceptant l'initiative sur les soins infirmiers. On peut espérer que les conditions de travail et les salaires dans le secteur des soins s'amélioreront ainsi.

En effet, en ce qui concerne les salaires dans le domaine des soins, la Suisse est très mal placée par rapport aux autres pays. C'est ce que montre un classement de l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques). La comparaison porte sur le salaire moyen du personnel soignant dans les hôpitaux par rapport au salaire moyen dans le pays concerné. Si au Chili, le pays le plus performant, les soignant-e-s gagnent 184% du salaire moyen, la moyenne des pays de l'OCDE est encore de 115%. En Suisse, par contre, un maigre 85%. Cette valeur est par exemple nettement dépassée par notre voisin allemand, avec 113%.

Comparaison du salaire moyen du personnel soignant

Il faut davantage de postes à temps partiel

"Comme le montre la faible augmentation des emplois à temps partiel vacants, un besoin de sensibilisation subsiste en matière de travail à temps partiel". C'est la conclusion que jobchannel tire de son enquête. Employés Suisse ne peut qu'acquiescer. Les employeurs doivent devenir plus flexibles et créer davantage de postes à temps partiel. S'ils le font et font ainsi mieux correspondre l'offre et la demande, ils lutteront activement contre la pénurie de personnel qualifié.

Pour les emplois à temps partiel, il existe la plate-forme d'emploi TeilzeitKarriere.ch, qui a été reprise par jobchannel. Elle est la meilleure preuve que temps partiel et carrière ne sont pas forcément incompatibles.

Auteur-e

Hansjörg Schmid

Hansjörg Schmid

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